Comment convaincre les banques d’obtenir un prêt pour créer son entreprise quand on n’a aucun apport personnel ? Une des possibilités est de faire appel au microcrédit. Une formule qui semble séduire, puisque 128 000 microcrédits professionnels ont été accordés en 2011. C’est ce que révèle l’Observatoire de la microfinance dans la parution de son dernier rapport, daté du 25 novembre 2012.
Succès confirmé ! Les prêts de faible montant et de courte durée sont de plus en plus demandés par les rejetés du crédit bancaire classique, qui ont l’envie d’entreprendre. Le rapport annuel de l'Observatoire de la microfinance, publié il y a quelques jours par la Banque de France, montre que les microcrédits professionnels ont augmenté de 11 % en 2011. Les chômeurs, les travailleurs à temps partiel ou les bénéficiaires de minima sociaux y trouvent le « coup de pouce » qui les aide à démarrer leur activité. Selon l’association Adie « Plus de 50 % des entreprises créées en France ont un plan de financement inférieur à 8000 euros ».
Le microcrédit : un peu d’histoire
Né dans les années 1970, le microcrédit a été développé dans les pays en voie de développement. L’une des « stars » de ce mode de financement est l’économiste et entrepreneur du Bangladesh, Muhammad Yunus (son action lui a valu un prix Nobel de la paix en 2006). Les premières expériences ont eu lieu principalement en Afrique, en Asie et Amérique latine. Mais avec le choc pétrolier, la baisse de la productivité, le début du chômage et les difficultés d’investissement, la méthode s’exporte bientôt en France. En 1989, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) devient l’un des pionniers de la microfinance « made in France ».
Dans microcrédit, il y a « crédit »
Le microcrédit professionnel permet de financer aujourd’hui différents types de besoin : stock, trésorerie, investissement… Il est plafonné à 25 000 € en Europe, mais il dépasse rarement les 6 000 €. Il peut être complété par un prêt d’honneur ou par des aides nationales ou locales. La durée de remboursement varie selon les organismes prêteurs. Il est en effet important de ne pas oublier que le microcrédit reste un crédit ! Les mensualités de remboursement s’échelonnent en moyenne sur 30 mois. Quant au taux d'intérêt, il est souvent plus élevé que celui d’un crédit bancaire classique, pour la bonne raison qu’il contribue à un fonds de solidarité qui permet de débloquer d'autres microcrédits pour d’autres demandeurs.
Tant qu'il y aura des besogneux
La question que l’on peut se poser, c’est : « Est-ce que le microcrédit professionnel fonctionne vraiment ? ». Martin Hirsch, ancien président d'Emmaüs et ex-haut commissaire aux Solidarités actives (créateur du RSA), y répondait au journal Ouest-France, le 06 novembre dernier. « Ce n'est pas “LA“ solution pour relancer l'emploi, mais les résultats sont loin d'être anecdotiques. Beaucoup des projets lancés grâce à un microcrédit professionnel sont viables, permettant à des gens en réinsertion de créer leur propre emploi. C'est une dynamique qui n'a pas marqué le pas du fait de la crise. C'est même appelé à se développer. » Le microcrédit a donc encore de beaux jours devant lui !